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Pétition contre la sous-traitance à l’ENS

Comité de Mobilisation Ulm et Greve Jourdan,
CGT-FERCSup, CGT-SNTRS ENS Paris.
SUD, Solidaires Etudiant.e.s.

Le 19 mai 2020

Monsieur le directeur de l’Ecole normale supérieure,

Nous souhaiterions vous faire part de notre très vive inquiétude face aux conditions de travail des membres du personnel de la sous-traitance qui exercent leur activité professionnelle sur les différents sites de l’ENS. La pandémie du Covid-19 et les mesures qui ont été prises dans ce contexte ont dégradé leurs conditions de travail.
Pendant la période de confinement, de nombreux·ses employé·es de la sous-traitance dans les domaines du ménage et de la sécurité ont continué et continuent de travailler sur les sites de l’ENS (campus Jourdan, Montrouge, rue d’Ulm) sans aucune protection ni aucune information sur les mesures à prendre pour se protéger de la pandémie du Covid-19, pendant le premier mois. Ces conditions de travail les exposent à un risque accru de contamination. Alors que des mesures institutionnelles ont permis d’assurer une certaine protection des salarié·es et des étudiant·es de l’ENS, la sécurité de ces travailleurs et travailleuses a été sacrifiée.

En voici quelques exemples alarmants :

  1. Aucune mesure de préparation au confinement n’a été prise, notamment en ce qui concerne des directives claires pour les collègues du service du ménage sous-traité, des aménagements pour réduire ou différer les charges de travail,
    ni des dispositifs pour accéder au lieu de travail en réduisant les risques de contamination (par exemple des primes pour payer des taxis).
  2. Au CHSCT du 1er avril 2020, la Directrice générale des services, a refusé toute responsabilité envers les personnels de la sous-traitance, bien que l’ENS soit donneuse d’ordres dans ces contrats.
  3. En réponse au droit d’alerte activé par des élues syndicales du CHSCT, la Direction de l’ENS s’est engagée à établir une liste exhaustive des personnes travaillant encore dans les sites de l’ENS, et de prévenir ce personnel de leurs droits, notamment de retrait et des conditions de rémunération s’ils le posent. La Direction a refusé de faire cette communication pour les collègues des services sous-traités.
  4. Des collègues du service du ménage ont été laissé·es dans le flou total pendant plusieurs semaines lors du changement de prestataire au 1er avril sur leurs conditions de travail, leur contrat, la continuité de leur service. Mettre des collègues dans une telle incertitude en pleine pandémie est hautement risqué.
  5. Pendant plusieurs semaines, des collègues du service du ménage ont été obligé·es de venir travailler sur site sans aucun équipement de protection. Ce n’est que fin-avril, soit plus d’un mois après le début du confinement, que des
    masques jetables ont été distribués et qu’on leur a assuré un suivi dans cette distribution.
  6. Une liste de diffusion syndicale a récemment pu être créée grâce à l’insistance des organisations syndicales représentatives des étudiant·es et personnels, mais cette liste se limite pour l’instant aux seules personnes directement
    salariées par l’ENS et aux étudiant·es ayant spécifiquement le statut de fonctionnaire stagiaire (soit à peu près la moitié d’entre eux).

Des actions de solidarité ont été organisées par les étudiant·es et des membres du personnel de l’ENS afin de soutenir ces collègues pendant cette période particulièrement difficile : confection de masques, achats de matériel de protection, distributions de matériel de protection, transmission d’informations sur leurs droits et
sur les gestes barrières en cas de pandémie. Tout en reconnaissant leur importance, ces initiatives ne peuvent pas se substituer à la nécessité d’une amélioration pérenne de leurs conditions de travail.

C’est pourquoi nous vous sollicitons aujourd’hui pour vous demander de prendre vos responsabilités envers ces travailleurs et travailleuses qui nous permettent chaque jour d’assurer nos missions d’enseignement et de recherche. Antoine Petit,
président directeur général du CNRS, dans une lettre du 6 mai 2020 adressée à l’ensemble du personnel CNRS affirmait d’ailleurs : « Sans occulter nos responsabilités d’employeurs, nous avons convenu que, de manière générale, l’hébergeur serait responsable de la sécurité sanitaire de l’ensemble des agents qu’il héberge, quels que soient leurs employeurs. » Ainsi face aux mauvaises conditions
de travail que leur imposent les entreprises de la sous-traitance, nous vous demandons, Monsieur le directeur de l’Ecole normale supérieure :

  1. De faire parvenir au CHSCT une liste exhaustive des agents travaillant sur l’ensemble des sites.
  2. D’exiger des entreprises de sous-traitance qu’elles assurent des conditions de travail décentes aux personnels d’entretien, notamment par la fourniture d’équipements de protections de manière régulière, par des diminutions conséquentes des charges de travail sans réduction des salaires, et des dispositifs d’information sur leurs droits.
  3. De mettre en place des mesures concrètes et un calendrier en vue de l’intégration de ce personnel exerçant dans le domaine de l’entretien, de la sécurité, de la restauration et des services d’accueil aux effectifs salariés de l’ENS et de leur garantir des conditions de travail décentes.

Veuillez croire en notre attachement à un service public de qualité sur les sites de l’ENS,

(Les signataires par ordre alphabétique)